L'AFFAIRE DU "GENRE" DANS LES MANUELS SCOLAIRES

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

30 août 2011

Patrice De Plunkett - L’affaire du « genre » dans les manuels scolaires

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80 députés UMP demandent au ministre Chatel le retrait de manuels scolaires qui enseignent, d’après eux, la théorie du gender :

«Selon cette théorie», disent les députés signataires, «les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualités : homosexuels, hétérosexuels, bisexuels, transsexuels… Cette théorie philosophique et sociologique, qui n’est pas scientifique, affirme que l’identité sexuelle est une construction culturelle».

Des notabilités de droite comme Mmes Bachelot ou Morano sont, pour leur part, acquises à la théorie du «genre». Laissons les élus UMP polémiquer entre eux (pour des raisons internes) sur une question philosophique qui souvent les dépasse.

Mais dans cette histoire de manuels scolaires, il y a un symptôme de l’incohérence – voire de la schizophrénie – de notre société.

Un des passages de manuel incriminés déclare : «le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre».

C’est confondre deux choses : a) le donné physiologique b) les interprétations culturelles de ce donné.

Les différentes cultures, interprétant diversement les données physiologiques, en déduisaient non moins diversement leurs conceptions du rôle de la femme.

Et les «constructions socio-culturelles» ont montré qu’elles pouvaient évoluer sous la pression des progrès médicaux [1].

Cependant, il est irréaliste d’en déduire que le masculin et le féminin en eux-mêmes n’existent pas. Cette déduction relève de l’idéologie hyper-individualiste, virtualiste, autiste, caractéristique de la société occidentale du capitalisme tardif : idéologie qui s’acharne à dissoudre tout ce qui relie la personne à des ensembles : le politique (la cité), la culture (le patrimoine), ou même la structure anthropologique fondatrice (l’identité sexuée). Dissolution qui laisse l’individu orphelin, déshérité, livré à ses fantasmes manipulés par tous les marketings.

Cette volonté de dissolution est idéologique, mais se cache derrière une apparente objectivité : le recours à la techno-science. «Puisque» la chirurgie peut techniquement changer les organes d’un individu, «alors» l’identité sexuée donnée à celui-ci lors de sa conception «n’existe pas» ! On tombe ici dans un culte de l’artificiel, opposé au donné physiologique d’origine. C’est cohérent avec l’ensemble de la mythologie consumériste, qui prétend satisfaire l’individu en lui rendant possible aujourd’hui ce qui était impensable hier.

Dire que le masculin et le féminin n’ont pas de réalité, c’est nier la structure de notre vie, la dimension charnelle («terreuse», dit la Genèse) de nos personnes. Beaucoup d’utopies depuis deux mille ans ont adopté cette attitude. Aucune n’a eu l’absurdité de le faire au nom de la «vie» et de la «terre».

Alors comment se fait-il que la théorie du «genre», apothéose de l’artificiel, soit incorporée à des manuels de «sciences de la vie et de la terre» ? Les manuels scolaires de 2011 ne voient pas cette contradiction. Myopie bien contemporaine : le virtuel remplace le concret, l’artifice remplace le réel, pour que la lucidité (le principe de réalité) ne puisse plus faire contrepoids aux «pulsions». Il y a un lien entre les délires sur la condition humaine et les mécanismes économiques actuels. Et plus qu’un lien : une relation de cause à effet… Ce malaise dans la civilisation vient de la tyrannie du «marketing de toutes les pulsions», qui nous oblige à marcher sur la tête dans tous les domaines. Beaucoup de gens commencent à s’en rendre compte.

Patrice De Plunkett

Notes
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[1] Exemple, l’évolution de la conjugalité. L’homme de l’ancienne Europe était un «polygame successif», parce que beaucoup d’épouses mouraient en accouchant. Les progrès de la médecine ont offert à la femme une espérance de vie égale à celle de l’homme : ce qui a donné une tout autre dimension à l’obligation évangélique de monogamie, donc fragilisé le mariage, nombre de couples renâclant à vivre cet appel pour la durée d’une longue existence…

Source : http://actualitechretienne.wordpress.com/2011/08/30/patrice-de-plunkett-laffaire-du-genre-dans-les-manuels-scolaires/

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