Valentin MAKEÏEFF

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

Valentin MAKEÏEFF

*   *   *

Je suis né en France en 1934, d’un père russe qui était commandant de cavalerie du Tsar Nicolas II, et d’une mère infirmière dans la même armée. Réfugiés politiques en France en 1921 lors de la révolution bolchevique, mes parents m’ont instruit, avec mes deux frères et ma sœur plus âgés, dans la culture russe et dans la culture chrétienne biblique, c’est-à-dire fondée sur La Bible et dans une relation personnelle avec le Seigneur.

A l’âge de 14 ans, j’ai compris que Dieu était bien venu en chair sur la terre en Jésus, son Fils unique, et que je me devais de vivre conformément à ses commandements d’amour, ceci au cours d’une réunion entre chrétiens, à Lyon où j’habitais. Mon adolescence s’est donc bien déroulée, dans l’obéissance, la sagesse et les études. Mais à 18 ans, je me suis « jeté » dans les plaisirs mondains. J’ai vécu une vie de patachon !

Cependant mes parents priaient afin que leur fils chéri revienne dans de meilleures voies ! Et Dieu a entendu, comme vous le verrez...

En 1956, j’ai été appelé pour faire mon service militaire (20 ans et demi). J’étais volontaire pour aller en Afrique noire dans l’aviation. Je voulais partir loin de Lyon pour mener à ma guise ma vie d’adulte : faire ce que moi j’avais décidé, loin des bons conseils des parents et surtout fuir les solides commandements de Dieu que j’avais reçus depuis mon enfance. Moi, je préférais vivre dans un bonheur artificiel, bien connu de la jeunesse !

Au moment de mon départ, mon père m’a dit en pleurant : « Tu sais Valentin, on ne se moque pas de Dieu ! » Et il m’a cité un passage du Nouveau Testament : « Ne vous abusez point ; on ne se joue point de Dieu ; car ce que l’homme aura semé, il le moissonnera aussi » (NT - Galates 6:7-8). Ce verset m’a poursuivi tout le long du voyage en bateau, en avion, jusque dans la lointaine et profonde Afrique noire...

Et c’est le drame en Afrique...

Après maintes péripéties, je me suis retrouvé à Bangui. Fin avril 1956, je fus interpellé par un tirailleur africain qui m’emmena un dimanche dans la brousse écouter un missionnaire qui venait parler de Dieu. Décidemment, à des heures de vol de Lyon, Dieu me rattrapait ! Ou plutôt il m’avait devancé dans le fait que je fus saisi par la puissance du message évangélique lors de cette réunion. Je compris ce jour-là qu’une vie sans Dieu, sans Son amour, sans Sa présence, ne valait pas la peine d’être vécue ; qu’aussi belle soit-elle, il manquerait toujours l’essentiel : Jésus. Le Seigneur avait de nouveau su toucher mon coeur comme lorsque j’étais enfant et ado !

Puis je suis rentré à la base d’aviation, heureux et plein de joie. J’ai fait une lettre à ma sœur le soir même pour lui communiquer cette paix spéciale qui s’était déversée dans mon coeur et qui n’allait plus me quitter. Et j’ai conclu en disant que si on ne se revoyait plus sur cette terre, on se verrait là-haut car j’en avais à présent une assurance inébranlable. Tout le monde n’a pas l’assurance d’être auprès de Jésus après la mort. Moi je l’avais. C’est ce qui fait la différence entre le vrai croyant et le faux : le vrai, croit ; le faux, doute. C’est un peu raccourci, mais c’est une distinction importante. Les promesses de Jésus sont seules aptes à vous donner la foi. La Bible ne se trompe pas et ne vous trompe pas. Cependant, en parallèle à cette joie de m’être réconcilié avec Dieu, j’avais le pressentiment qu’il allait « m’arriver quelque chose »…

Effectivement cette prémonition se réalisa.

Les funérailles de Valentin sont organisées

Le mercredi suivant, le 2 mai 1956 à 22 heures, j’eus un très grave accident avec la Jeep militaire que je conduisais. Je fus laissé pour mort ! Ma vie ne tenait plus qu’à un fil à tel point que les funérailles furent préparées avec drapeau en berne et organisation des préparatifs à la base d’aviation. Aucun espoir de survie, fut la conclusion du corps médical.

J’étais paralysé de la tête aux pieds. Mon corps dépassait les 42°. Je fus mis en hibernation dans la glace pendant 32 jours. Je ne pesais plus que 38 kilos, de 75 mon poids normal avant l’accident. Je me suis couvert d’escarres du bas du dos aux talons. Mais un petit groupe de chrétiens africains avaient commencé une chaîne de prière 24 heures sur 24 dès les premiers jours de mon profond coma, alors que j’étais mourant à l’hôpital de Bangui. Et à force d’ébranler le ciel, celui-ci s’ouvrit !

« Je ne mourrai point, mais je vivrai, et je raconterai les oeuvres de l’Éternel » (Ps. 118.17)

Après deux mois et demi dans cet hôpital, je sortis enfin du coma ! Mais je ne pouvais plus parler ni bouger, étant complètement paralysé. Je pus donc être rapatrié à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris où je suis resté six mois. Heureusement que ma mère est venue s’occuper de moi, pour mon hygiène, pour m’alimenter, car le personnel médical était débordé par le flot de grands blessés qui arrivaient d’Algérie. C’était en 1956... L’amour d’une mère... les prières qui faisaient descendre la puissance du ciel pour recoller les innombrables morceaux de mon corps détruit !

Puis un an et demi à l’hôpital militaire Desgenettes de Lyon avec différentes opérations pour enlever les raideurs de mes coudes qui étaient restés bloqués à 45° pendant le coma. Ensuite des stages de cinq à six mois dans des centres de rééducations fonctionnelles pendant trois ans. Il m’a fallu réapprendre à marcher... à parler... à manger… seul ! Mais j’étais vivant !

Dans mes années de paralysie, j’ai eu parfois des moments de découragement, de ressentiments, de violentes révoltes, car à 22 ans il est terrible de commencer sa vie d’homme avec un tel degré d’handicap physique. Mais mon Dieu a été un puissant consolateur dans mon malheur. Les visites d’amis, de mes parents, de mon grand frère, ont été bénéfiques car rien ne remplace l’amour. Et surtout, les prières en ma faveur, prières qui ont littéralement pris d’assaut le trône de Dieu ! La médecine a certes fait sa part, mais grâce aux intercessions, Dieu a pu directement intervenir et donner le coup de pouce qui en intrigua de nombreux. Je suis un rescapé de la mort ! Je peux donc attester que Dieu n’est pas sourd à ceux qui l’implorent et qu’intercéder dans la foi et l’amour peut se révéler extrêmement salutaire.

Dieu envoie une aide particulière à Valentin...

A 26 ans, mon état physique s’était considérablement amélioré, mais j’étais encore « en chantier ». Mon tronc cérébral était atteint et je perdais l’équilibre, mais Dieu, pour couronner son succès, m’a envoyé une épouse ; cette jeune femme, Jackie, m’a aimé pour qui j’étais et non pour ce que j’étais. Car j’étais dans l’incapacité de reprendre mon métier de mécanicien-essayeur, donc pas d’avenir, pas de grandes visions à partager. Nous nous sommes mariés deux ans après, et à partir de notre mariage, mes progrès ont été fulgurants. Nous avons eu deux filles (quatre petits-enfants se sont rajoutés à la tribu). Je porte encore des séquelles visibles de ce terrible accident, mais je peux dire que cinquante-et-un ans après, depuis Mai 1956, Dieu a été mon soutien, mon rocher, et ceci dans bien d’autres circonstances, mais la place me manque pour vous les raconter.

Que la gloire Lui revienne ainsi que mon profond remerciement.

Valentin Makeïeff (Poueyferré (65) - France)

 

*   *   *

Publié dans 09. ÉVANGÉLISATION

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article