"BOURSES : SI CE N'EST PAS UN KRASH..."

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

Bourses : si ce n'est pas un krach, ça y ressemble

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09/08/2011

06h00 | Mis à jour 07h10

Par jean-denis renard

Les Bourses sont reparties à la baisse hier, malgré l'intervention massive de la Banque centrale européenne. L'économie réelle, et donc les Français, en subiront les effets.

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Hier, des traders à la Bourse de New York, où le Dow Jones a terminé à -5,42 %. La toute-puissance économique et financière américaine est remise en cause. photo maxppp

Ce n'est pas « Armaggedon » ni la fin du monde promise pour l'an prochain par les Mayas. Mais il souffle un vent mauvais sur l'économie mondiale, un vent à rendre folles les places boursières qui se débattent dans le marasme. Hier, Paris a cédé 4,68 %, un bouillon qui clôture onze jours consécutifs de baisse. Cette série sans précédent équivaut à un dévissage de 18,67 %. Londres a cédé 5,02 %, Francfort 3,39 %, tandis que Wall Street poursuivait inexorablement sa chute à mi-séance. Pourquoi ? Pour combien de temps ? Avec quelles conséquences ?

1 Revoilà la perte du fameux triple A

En abaissant vendredi la note attribuée à la dette publique américaine (cette note est le reflet de la confiance accordée à la solvabilité de l'emprunteur), l'agence Standard and Poor's a brisé un tabou. Celui de la toute-puissance économique et financière américaine. « La crise actuelle provient des États-Unis », tranche Denis Clerc, économiste et fondateur du périodique « Alternatives économiques ». Selon lui, les acheteurs d'obligations américaines se demandent maintenant si la réduction de la monstrueuse dette publique US ne va pas s'accompagner du retour de l'inflation. Car celle-ci réduirait mécaniquement le poids de ladite dette.

La suspicion englobe tous les États jugés surendettés, Italie et Espagne par exemple. « Les investisseurs vendent en masse ces titres-là pour se retourner vers le Trésor allemand, qui est le seul à émettre des obligations dont on peut gager qu'elles ne seront pas affectées par l'inflation. Mais il n'y en a pas suffisamment pour tout le monde », poursuit Denis Clerc.

2 La confiance, denrée très rare

Gregori Volokhine, président de Meeschaert Capital Markets, une société qui gère des fonds privés à Wall Street, préfère dénoncer le climat général de morosité. « Soyons clairs : avec un classement AA +, il n'y a aucun risque de défaut sur la dette publique américaine. Les investisseurs le comprennent puisqu'ils continuent à acheter des obligations. Ils le font pour se protéger. En revanche, ils vendent leurs actions parce qu'ils anticipent une évolution défavorable de l'économie. La perte de confiance est considérable. Les investisseurs ne croient pas à une solution rapide du problème de la dette publique, ils ne font pas confiance aux gouvernements pour la réduire sans faire entrer leurs pays en récession. Ils savent que les mécanismes monétaires et fiscaux mis en place pour le sauvetage d'AIG, par exemple (1), ne sont plus à disposition désormais. Ils n'ont aucune visibilité sur les mois qui viennent », analyse-t-il.

Surtout pas aux États-Unis, où l'administration Obama est ligotée par l'accord passé avec le Congrès républicain sur la dette publique. Lequel accord a été inspiré par l'aile droite des républicains, le Tea Party, « une minorité extrémiste et économiquement analphabète », accuse Denis Clerc.

3 Alors, krach ou pas krach ?

Plus que les chiffres déplorables de la journée, c'est la pente qui est terriblement glissante. Les - 18,67 % (en onze jours) qui ramènent la place de Paris plus de deux ans en arrière sentent le krach en bonne et due forme. « Les marchés sont extrêmement faibles. On liquide des positions, mais on ne peut pas parler de panique à New York. En revanche, quand on voit une valeur comme Sanofi-Aventis plonger à Paris alors que la valorisation de cette société n'a strictement rien à voir avec le problème de la dette publique, on est bien obligé de constater que certaines décisions sont proches de la panique. On perd totalement de vue les fondamentaux de l'économie réelle », s'inquiète Gregori Volokhine.

4 Taux d'intérêt : la machine infernale

Les pays qui suscitent la défiance des marchés sont aspirés dans un cercle vicieux. « Dès lors que les obligations d'un pays perdent de la valeur, les taux d'intérêt auxquels il doit faire face pour emprunter explosent. Ce qui rend encore plus problématique la capacité de ce pays à rembourser. Prenons le cas de l'Italie, confrontée ce matin (NDLR : hier) à des taux d'intérêt supérieurs à 6,5 %. Son taux de croissance pour 2011 sera de 1 %, il sera peut-être nul en 2012. Il y a forcément une grande inquiétude sur la solvabilité de ce pays », détaille l'économiste.

Hier, la Banque centrale européenne (BCE) a laissé entendre qu'elle entreprenait de racheter de la dette italienne et espagnole, ce qui a fait repasser les taux d'intérêt sous la barre des 6 %. Mais ils demeurent très élevés - à deux chiffres - pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

La BCE ne rencontrera aucun obstacle technique dans la poursuite de cette politique, ce qui maintiendra sous oxygène les maillons faibles de la zone euro. C'est la seule institution qui détient le pouvoir de racheter des obligations d'État en émettant de la monnaie, c'est-à-dire en relançant l'inflation. « Jusqu'à dimanche soir, les Allemands s'y opposaient. Ils ont toujours vu l'inflation comme le mal suprême. Mais ils se sont rendu compte que s'ils ne donnaient pas leur aval à la BCE, c'est tout le système monétaire européen qui risquait de s'effondrer », indique Denis Clerc.

Demeure une inconnue de taille : jusqu'où la BCE acceptera-t-elle de faire tourner la planche à billets ? Les statuts de la Banque centrale lui imposent précisément de lutter contre l'inflation dans la zone euro. Cornélien…

5 Il faudra bien passer à la caisse

Ces chiffres délétères nous survolent en altitude, mais ils vont bel et bien nous décoiffer. « La première conséquence majeure, c'est l'obligation de réduire les déficits publics. Qu'on le fasse par la réduction des dépenses ou par l'augmentation des impôts, c'est du pouvoir d'achat en moins. L'ensemble des citoyens va payer », soupire Denis Clerc. À plus long terme, celui-ci envisage une reprise de l'inflation, « peut-être cantonnée à 4 ou 5 %, mais en rupture avec le taux de 1 % habituel ».

On peut également parier que les banques seront moins enclines à prêter. Aux PME comme aux particuliers. Cette menace est une épée de Damoclès pour le marché de l'immobilier, qui enregistre déjà une chute notable de la vente de logements neufs au premier semestre 2011. L'indicateur des promoteurs affiche - 19 % par rapport à la même période de 2010. On dirait bien un été pourri.

(1) En 2008, la Fed, la banque centrale américaine, avait injecté l'argent nécessaire pour éviter la faillite de l'assureur.

Source : http://www.sudouest.fr/2011/08/09/si-ce-n-est-pas-un-kr-ach-ca-y-ressemble-470268-4689.php#xtor=EPR-260-[Newsletter]-20110809-[zone_info]

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Publié dans 11. BIBLE ET NATIONS

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