France : de plus en plus de solitude...

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

Vendredi 14 Septembre 2012

Société : de plus en plus de Français souffrent de solitude

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09.09.2012

06h00 | Mise à jour : 08h18

Par Hélène Rouquette-valeins

Selon une étude, près de 5 millions de personnes se sentent seules en France. Beaucoup peinent à s'intégrer.

Près de 5 millions de personnes se sentent seules. En France, 4 800 000 personnes éprouveraient de réelles difficultés à développer des relations sociales au sein des grands réseaux de sociabilité que sont la famille, le milieu professionnel, les amis et le voisinage. 3,8 % d'entre eux ont moins de deux contacts mensuels au sein de ces réseaux. C'est le résultat d'une récente étude de la Fondation de France : 20 % de personnes de plus qu'en 2010 se sentent exclues, rejetées, inutiles.

Béatrice Bausse, déléguée régionale de l'association, constate que « 65 % des Français considèrent que l'isolement et la solitude s'aggravent. L'idée d'une société française peinant à insérer les membres qui la composent dans un univers relationnel dense et diversifié est à cet égard de plus en plus partagée. » Car ce ne sont pas forcément les plus âgés qui souffrent de solitude. Paradoxalement, des gens de plus en plus jeunes sont touchés. Eux aussi traversés par ce sentiment « de ne plus compter sur personne », « de n'être plus rien pour personne ».


La pauvreté en toile de fond

Les 30-39 ans, jusqu'à présent épargnés par le phénomène, représentent 14 % des personnes isolées. Près d'un trentenaire sur dix en souffre. Et les accros des réseaux sociaux ne sont pas à l'abri. Selon le sociologue Alain Mergier, ces derniers fonctionnent bien pour les gens qui ne sont pas seuls, mais, pour les autres, ils sont un leurre, car ils ne permettent pas de construire des relations suffisamment profondes. »

Si les 75 ans et plus restent les plus isolés - 21 % selon le rapport - 14 % des 50 à 59 ans et 13 % des 60-74 ans avouent être touchés par la solitude. Soit respectivement 11 % et 15 % de la population.

Certains facteurs aggravent ce sentiment et cet état de fait. Parmi lesquels la pauvreté. Selon l'étude de la Fondation, 27 % ont des revenus inférieurs à 1 500 euros mensuels. Ils sont pourtant plus jeunes, plus diplômés et vivent le plus souvent en couple.

Tout aussi inquiétant : 27 % des Français qui travaillent ne sont pas en capacité de construire des relations sociales dans le cadre de leurs activités professionnelles. « Travailler, note Béatrice Bausse, constitue de moins en moins un gage d'insertion, surtout pour ceux qui occupent des emplois précaires : 15 % contre 5 % lors de la précédente étude. 14 % des habitants des grandes métropoles sont en situation d'isolement relationnel, contre 8 % en 2010. »

Il semblerait que la présence des enfants soit un facteur extrêmement puissant d'intégration à la vie sociale, même si elle ne se traduit pas mécaniquement par une vie sociale riche et diversifiée. « Mais, soulignent les auteurs de l'étude, ces sociabilités organisées autour des enfants ne sont pas sans effets pervers. Elles peuvent préempter l'ensemble de la vie sociale, se traduire par un desserrement des liens amicaux et professionnels, de sorte que les femmes peuvent se trouver en difficulté lorsque les enfants partent. Ce risque est parfaitement palpable chez les foyers monoparentaux précaires. »

« On ne naît pas seul »

Béatrice Bausse reconnaît « qu'on ne naît pas seul, on le devient. La solitude n'est pas un état mais le résultat d'un processus, d'un enchaînement d'événements sur lequel il est impossible d'intervenir mais qui peut être enrayé. »

Pour lutter contre « cette maladie qui défait la sociabilité », la Fondation de France identifie et accompagne des projets qui favorisent la création ou la recréation du lien social. C'est le cas du réseau Paul-Bert. À la fois centre de rencontres, d'échanges culturels, de démocratie mais aussi d'aide aux personnes en difficulté. Avec un apiculteur du Bazadais (lire ci-contre), le réseau Paul-Bert a lancé une autre façon de briser la solitude… en compagnie de quelque 180 000 abeilles !

De plus en plus de solitaires dans le Sud-Ouest

Le nombre de personnes seules augmente de façon régulière dans le Sud-Ouest, comme dans l'ensemble de la France. En 1982, en Aquitaine, 83 % des hommes de 35 ans vivaient en couple. En 2005, ils n'étaient plus que 71 %. Chez les femmes, le recul atteint à peu près les mêmes proportions : 85 % en 1982, 74 % en 2005.

En 2009, au niveau national, les personnes habitant seules constituaient un tiers des ménages, selon les derniers chiffres publiés par l'Insee. Pour les statisticiens de l'Institut national, un ménage désigne l'ensemble des personnes qui partagent la même résidence principale sans être unies nécessairement par des liens de parenté. Il peut donc être constitué d'une seule personne.

En France, le nombre de ménages d'une seule personne a augmenté de 23 % entre 1999 et 2009. La tranche des 30-59 ans est la plus touchée (+ 33 % en dix ans). Cette progression spectaculaire s'explique essentiellement par l'évolution des modes de cohabitation.
Corollaire, la taille des ménages est en constante diminution. Avec 2,17 personnes en moyenne, le Poitou-Charentes est l'une des régions où les cellules familiales sont les plus petites de France, juste devant l'Auvergne et le Limousin.

Monoparentalité en hausse

« La baisse de la taille des ménages, commente Jean-Pierre Ferret, de l'Insee Poitou-Charentes, dépend du vieillissement de la population et des modes de vie. L'éclatement des familles dû aux divorces ou la mise en couple de plus en plus tardive, et même la régression de la vie en couple, qui va bien au-delà du simple recul du mariage, jouent un rôle important. »

En Aquitaine, 95 700 familles sont composées d'un seul adulte, vivant sans conjoint, avec un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans dans un seul logement. Les structures monoparentales représentent 22 % de l'ensemble des familles de la région ayant des enfants de moins de 25 ans, un chiffre comparable à la moyenne nationale.

Leur nombre est en constante hausse. « En Aquitaine, souligne l'Insee dans l'une de ses dernières e-publications, de 1999 à 2009, elles augmentent de 31 % alors que le nombre des couples avec enfants reste stable. Dans le passé, la monoparentalité était essentiellement due au décès de l'un des conjoints. Aujourd'hui, elle survient plus souvent à la suite d'une rupture, divorce ou séparation. »

En Aquitaine, un enfant sur cinq vit ainsi dans une famille monoparentale. 84 % des enfants des familles monoparentales vivent avec leur mère. « Toutefois, de 1999 à 2009, le nombre de pères isolés a augmenté deux fois plus vite que celui des mères isolées », note Geneviève Pédezert, qui signe cette étude. Les pères ont la charge des enfants plus âgés : la part des 18-24 ans qui vivent avec eux est sept fois plus élevée que celle des jeunes du même âge qui résident avec leur mère.

Source : http://www.sudouest.fr/2012/09/09/la-solitude-un-mal-francais-815571-4688.php#xtor=EPR-260-[Newsletter]-20120909-[zone_info]

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