OBJECTIF FRANCE (6) - IDENTITÉ ET HÉRITAGE...

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

Jeudi 26 Janvier 2012

OBJECTIF FRANCE (6) - IDENTITÉ ET HÉRITAGE DE LA NATION FRANÇAISE

*   *   *

La mentalité française

Avec une histoire aussi riche et unique, nous avons hérité d’une mentalité qui nous est propre. La mentalité, c’est « l’ensemble des croyances et habitudes d’esprit qui informent et commandent la pensée d’un groupe. Plus couramment, état d’esprit, dispositions psychologiques ou morales ». (Petit Robert)

L’unité de la France s’est faite grâce à une forte centralisation. L’autorité (du roi, du gouvernement, de l’administration) a son siège à Paris et s’exerce de haut en bas. C’était vrai sous la royauté (Louis XIV) et l’est resté sous la Révolution (les Jacobins) et sous les deux Napoléon. La République ne s’est pas affranchie de cette organisation très hiérarchisée. Les décisions sont prises au sommet par une administration opaque ou par des technocrates qui savent ce qui convient au peuple. Le citoyen se sent très éloigné des centres de décision. On lui impose des règles sans l’avoir consulté.

À une organisation autoritaire répond une résistance passive : repli sur la vie privée (qui seule est intéressante), tendance à rouspéter et critiquer, faible sens civique (voler l’État, ce n’est pas voler), resquille, système D du “chacun pour soi”, individualisme, peur de prendre des responsabilités (aucun intérêt…), aversion à l’égard de l’ordre (la police n’est guère aimée). Il en résulte une société de méfiance : on se méfie des autres, surtout de ceux qui détiennent le pouvoir …, on leur donne le minimum, on cherche à dépendre le moins possible de l’Etat mais on fait appel à lui pour obtenir le maximum d’avantages (les Français aiment le « piston ») et on compte sur les syndicats pour ne rien perdre de nos acquis …

1. La pensée

Au niveau philosophique, Descartes a révolutionné la pensée. Le fameux “Je pense, donc je suis” a pris la place de Dieu. Jusque là, Dieu était le “Je suis”, fondement de la connaissance, soutien de la création et de l’homme. Avec Descartes, la pensée se dit capable de contenir le monde créé et, de ce fait, le créateur … Le Dieu révélé est pratiquement éliminé pour ne devenir qu’un être supérieur. La pensée devient première, l’être second.

Sommes-nous conscients de la place que prend la pensée dans notre vie spirituelle ? Nous avons tellement besoin de comprendre pour croire … Notre foi en est limitée d’autant … Dieu ne nous demande pas d’avoir une foi aveugle qui ne laisse pas de place à l’intelligence (qu’Il nous a Lui-même donnée) mais une confiance en Lui comme principe de base de notre vie spirituelle.

2. Le doute

Nous, français, détestons être liés à une vérité absolue. Peut-être cela nous vient-il du temps où la France était dirigée de façon autoritaire par le roi et l’église. A cette époque, nous avions peu de liberté dans nos croyances et notre réflexion. « Un Roi, Une Religion, Une Loi ». C’était la soi-disant recette de Louis XIV pour avoir une nation saine. En fait, cette étroitesse d’esprit donna naissance au mouvement philosophique des Lumières qui grandit en réaction à cet autoritarisme. Descartes en fut un des principaux précurseurs. Il est perçu comme étant l’un des plus grands penseurs de l’histoire humaine et comme le père de la philosophie moderne. Il inventa une méthode pour démontrer ce qui est vrai. C’était une question importante à une époque où la vérité était déterminée par l’église. Descartes nous dit alors : « Vous devez douter ». Douter de tout ce que l’on vous dit. La vérité, ce n’est que ce qui reste après avoir démontré tout ce qui est faux…

Ce scepticisme destructeur est profondément enraciné dans la mentalité française. Depuis notre plus jeune âge, on enseigne à nos enfants à questionner et à discuter. Peu importe ce qui est juste et vrai (tout est relatif, leur dit-on), pourvu que vous défendiez bien votre cas. Autrement dit, les Français sont conditionnés à être sceptiques et rationalistes. Dans nos écoles et universités, Pascal est peu étudié. De même, d’autres auteurs qui sont de grands croyants et d’éminents philosophes comme Blondel, Bergson, Lavelle, Gabriel Marcel, Maritain ou Levinas, sont un peu mis de côté par notre intelligentsia émancipée, fille des « Lumières » et athée. Ils sont davantage étudiés au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud qu’en France. Laïcité oblige ! De la même manière, ce qui importe est la façon dont vous démolissez la thèse de l’autre. Après des années de pratique, cette approche, qui nous fait douter de tout, devient pour nous comme une seconde nature. Nous développons un réflexe subconscient, qui, à chaque fois que quelqu’un nous donne son opinion, nous fait penser instantanément à une raison pour laquelle l’opinion de l’autre n’est pas juste. Ce mode de réflexion affecte également l’Église. C’est une sorte de jeu que nous jouons, mais il s’ensuit que nous ne recherchons jamais de conclusion définitive ou que nous ne prenons jamais d’engagement. Bien sûr cela s’oppose directement à un Évangile fondé sur l’indubitable Parole de Dieu, un Évangile qui nous dit que nous sommes sauvés par la foi, un Évangile qui dit qu’ « il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4:12). Il semblerait que le diable ait utilisé les événements de l’histoire pour tellement façonner notre mentalité qu’elle est devenue imperméable au message de l’Évangile. Mais tout n’est pas perdu ! Dieu a également été à l’œuvre à travers notre histoire. Il s’est toujours assuré qu’une porte restait ouverte par laquelle on peut être sauvé. Remercions Dieu pour ceux qui, comme Apollos (voir Actes 18 v 25-28), peuvent proposer des preuves convaincantes à notre société sceptique en discutant et démontrant l’exactitude des écritures. Satan, en mettant ses barrières autour de l’esprit et de la raison des Français, a laissé leur cœur ouvert. Le peuple français est un peuple passionné. Il a une perception profonde des choses spirituelles. Blaise Pascal, un philosophe chrétien contemporain de Descartes écrit : « Le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas ». Ce brillant universitaire, qui ne réussit pas à venir à Dieu par le moyen de la raison, fut touché dans son cœur lorsqu’il eut une révélation surnaturelle du Christ ressuscité.

À long terme, le « siècle des Lumières » a laissé un héritage mondial. Beaucoup d’aspects de la démocratie moderne, des lois et des droits de l’homme peuvent être reliés à ce mouvement qui a commencé en France. Il en est de même de la pensée séculière de l’Occident. Il est difficile d’estimer l’impact de ces philosophes français qui étaient parmi les premiers à dépeindre un monde scientifique sans place pour Dieu. Cette vision de l’ordre naturel, enseignée comme un fait indiscutable dans la majorité des écoles occidentales, a empêché des millions de personnes de découvrir une relation personnelle avec Dieu.

Dans une grande partie du monde occidental, le scepticisme religieux du « siècle des Lumières » a été affaibli par les réveils religieux de la fin du XVIIIème siècle. Le Méthodisme en Angleterre et le Piétisme en Allemagne, ont été accompagnés du grand réveil de l’Amérique. Ces réveils protestants ont contrebalancé les doutes intellectuels des Lumières et ont amené beaucoup de personnes à retrouver une foi personnelle. Mais en France, les réveils n’ont jamais percé. Sa communauté réformée avait été amenée près de l’extinction dans les années précédentes. La philosophie du doute a continué à s’enraciner plus profondément. Paradoxalement, ce scepticisme a été accompagné d’une croissance du spiritisme et d’autres pratiques occultes, alors que les Français cherchaient des moyens peu orthodoxes pour satisfaire leur faim spirituelle. Aujourd’hui le scepticisme est gravé dans la conscience française aussi profondément que la laïcité est ancrée dans leur société. L’importance de la raison, la nécessité de douter et d’avoir un esprit critique ont gravement influencé notre culture et nos mentalités. Ces mauvais penchants font partie de notre identité française et nous n’en sommes souvent pas conscients. Ils font obstacle à une œuvre puissante du Saint-Esprit dans nos vies et dans notre pays.

Combien de fois nos gouvernants n’ont-ils pas souligné le risque de « sinistrose » ? Nous nous enflammons vite, mais nous baissons également les bras rapidement devant la moindre résistance, allant même jusqu’à dénigrer ce que nous avons adoré. Chacun peut plus ou moins se reconnaître… L’église n’est donc pas exempte du scepticisme ambiant, hérité d’un certain rationalisme, et qui peut se cacher chez les chrétiens sous le masque d’une sagesse désabusée ou encore d’une vison pessimiste de l’avenir. Nos faux raisonnements nous empêchent d’obéir. Tels des forteresses, ils s’élèvent contre la connaissance de Dieu. Ils doivent être renversés afin que nos pensées puissent nous amener à l’obéissance (2 Corinthiens 10:4-5 ; Jacques 1:22). Voilà le cœur d’une des principales forteresses qui “plombent” nos églises et freinent l’œuvre de Dieu. Tout le message et le ministère de Jésus sont centrés sur la nécessité de la repentance qui est, en fait, un changement de mentalité. De notre réponse authentique et entière à ce défi dépend l’avenir spirituel de notre pays. Cela commence par l’Eglise, donc par nous.

Sources : Guide de prière n°1 et « Francement » (P. Joret)

http://objectiffrance.fr/2010/10/identite-et-heritage-de-la-nation-francaise/

*   *   *

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article