LE MONOTHÉISME ISLAMIQUE (3)

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

Mardi 06 Mars 2012

Le monothéisme Islamique (3)

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3. L'implication de l'islam dans la vie sociale et communautaire :

En effet, le message de l'islam a une portée politique, il donne le fondement de l'éthique, et assure la plénitude des droits de chaque individu au sein de la communauté.

"L'islam dans son essence dépasse le domaine de la définition du mot "religion", il ne s'agit pas simplement d'une codification des règles qui "lient" l'être humain au Créateur ; bien plutôt l'islam investit le champ social et l'influence de façon conséquente." (Tariq Ramadan, Les musulmans dans la laïcité, Tawhid)

A l'époque antéislamique, il existait déjà des codes de vie sociale élaborés sur le principe de la tribu. C'était un system très hiérarchise qui fonctionnait sur un model patriarcal. Il y avait un chef de tribus, tous les membres étaient solidaires et avaient un rôle fixe. Des règles strictes de vie étaient établies puisque l'on sait que même la guerre était réglementée. Ainsi, on évitait dans les batailles qu'il y ait mort d'homme afin de ne pas risquer de se livrer à une vendetta entre tribus.

La révélation insiste sur l'entraide, la vie sociale est fondée sur la notion de communauté (omma) groupée autour de l'idée de fraternité et d'égalité pour les croyants en la même foi. Les responsabilités juridique et morale sont égales pour tous. Dieu est considéré comme le législateur ultime, et la propriété des biens, lui attribué à lui seul.

Un des cinq piliers de la foi est l'aumône (zakat) dessinée à aider les pauvres (voyageurs, mercenaires au service de la guerre sainte (djihad) ou ceux qui s'étaient endettés pour des causes justes) et dessinée aux œuvres sociales comme la construction d'hôpitaux, de caravansérails, de bains publics (hammams) Il faut ajouter qu'une disposition relative à l'héritage pour Dieu, va rapidement conduire à l'extension de la propriété collective. L'islam se développe rapidement dans les cités, "c'est par les citadins, marchands et petits artisans que c'est implanté l'islam" (L. Massignon) Et de nouvelles villes sont crées comme Kairouan, al-Koufa, al-Fostat. Elles fonctionnent à l'origine, autour de deux pôles, le marché et la mosquée. C'est à dire le lieu de commerce et le siège des affaires spirituelles et temporelles. Au départ, les artisans créent des sociétés initiatiques, sorte de syndicats où étaient transmis les secrets de fabrication que les membres s'engageaient à ne pas dévoiler. Même si celles si ont presque disparues, l'esprit d'entraide dans les métiers et corporations, et certaines règles dans le commerce fixant les prix, engageant les uns et les autres à ne pas se tromper en affaire, à ne pas taxer, à contrôler les poids et mesures sont toujours en vigueur. Cette entraide et ce respect fait que les pays musulmans ne connaissent quasiment pas le chaumage, et ont un système économique difficile à gérer.

L'Islam, en tant que communauté religieuse regroupe 184 pays, sur une zone géographique très vaste (une grande partie de l'Afrique, la quasi-totalité du Moyen Orient, l'est de l'Europe, le sud de l'Asie, une partie de l'Océanie), ce qui implique des cultures très diverses.

L. Massignon a déterminé quelques "blasons" de l'islam, des points communs sur lesquels l'ensemble de l'Islam se retrouve. Il y a principalement la langue arabe, dans laquelle a été rédigé le Coran, et qui est la langue liturgique, dans toutes les mosquées du monde. Mais, les piliers de la foi, les prières rituelles, l'appel du muezzin, le jeûne, l'organisation familiale, les respects des règles concernant la nourriture, l'utilisation d'un calendrier lunaire… sont autant de règles sur lesquelles tous les musulmans se retrouvent.

 Voilà encore un point très difficile a comprendre pour nous occidentaux. Cette pratique communautaire est une différence fondamentale avec notre vision chrétienne, qui tends à séparer la vie de l'Eglise et la vie quotidienne. La vie communautaire dans les pays musulmans est une action de chacun, tous les jours et à toute heure. Ce qui est particulièrement frappant, me semble-t-il c'est l'influence de l'islam dans la gestion de l'Etat, à l'exception de la Turquie et d'un certain nombre d'autre pays qui ont adopté une constitution occidentale, la gestion des pays musulmans reste souvent basée sur la loi islamique.

Ce système que nous critiquons beaucoup, surtout en France, pays qui se veut d'une laïcité absolue, mérite d'être étudié. Bien sur, il pose le problème de l'intégration des populations non musulmanes, des problèmes liés aux relations internationales, à l'économie… Cela dit, il est possible qu'à l'heure où beaucoup s'inquiètent de la suprématie de l'occident, un système théocratique modéré et ouvert pourrait être une nouvelle alternative.

Les conflits entre ces deux visions existent depuis de nombreuses années, mais semblent prendre une nouvelle ampleur au regard des tensions internationales récentes. L'in compression augmente de part et d'autre, ce qui fait toujours le jeu des intégristes ou racistes de tous bords.

J'ajouterai pour finir que la France est le pays occidental dont la population musulmane est la plus élevée (environ quatre millions de fidèles) et que l'islam est la deuxième religion nationale en nombre de pratiquants. La grande mosquée de Paris essaye de fédérer la diversité de l'islam, et la mairie de Strasbourg a voté, le moi dernier, pour la construction d'une grande mosquée. Toutefois, dans notre région, un quart de la population s'est prononcé aux dernières élections pour le Front National, parti d'extrême droite intolérant et raciste. Le manque de réactions des Églises, l'ignorance, la crainte de l'autre, et la facilité qu'il y a à ne pas essayer de comprendre sont inquiétantes et pour notre démocratie, et pour notre identité chrétienne.

Sources :

Internet :

http://www.angelfire.com/tx/wchehade/

http://cwis.usc.edu/dept/MSA/fundamentals/tawheed/abutaw/abutaw_1.html

F. Lenoir et Y.T.Masquelier Encyclopédie des religions, Bayard Edition, 1997

Michel Reeber, L'islam, Les essentiels Milan,

D. Sourdel, L'islam, Que Sais-je 355

L. Gardet et M. M. Anawati, Introduction à la théologie musulmane, Librairie J. Vrin, 1948

Le courrier de l'UNESCO, Islam 15 siècles d'Hégire, août septembre 1981

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Publié dans 08. CHRIST NOTRE PAIX

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