ONU - Pourquoi la diplomatie israélienne a perdu l'Europe (3)

Publié le par Céphas MABADA-MABAYE - Pasteur

Vendredi 07 Décembre 2012

ONU – Pourquoi la diplomatie israélienne a perdu l’Europe (3)

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Le reste du texte palestinien n'est qu'un fatras de contradictions qui préjugent du résultat des négociations, et nul doute qu'à l'exception des représentants de pays dont le vote était partisan (non alignés, pays musulmans, Chine, Russie), les diplomates chevronnés ont dû "rigoler" ou ... fermer les yeux.

Il contient également les accusations habituelles de la dialectique palestinienne qui, selon Abbas, justifient sa démarche : "la récente agression israélienne" ou "l'armée israélienne qui s'est comportée "de manière barbare et horrible".

Pas un mot sur le Hamas, concernant ses tirs de roquettes incessants sur Israël, mais rien non plus sur le fait que l'organisation islamiste administre "son état", et ne veut entendre parler ni de Mahmoud Abbas, ni de l'Autorité palestinienne.

Abbas ne dit ainsi pas de quel état palestinien il parle, avec ou sans Gaza, avec ou sans le Hamas et le Djihad islamique.

Benjamin Netanyahou a dénoncé "un discours diffamatoire et venimeux rempli de propagande fallacieuse contre l'armée israélienne et les citoyens d'Israël.
Quelqu'un qui veut la paix ne parle pas comme cela", a indiqué un bref communiqué de son bureau qui rappelle qu'en "présentant leur demande à l'ONU, les Palestiniens ont violé leurs accords avec Israël en conséquence".

Une allusion aux accords d'Oslo qui prohibent toute démarche unilatérale, non acquise par la négociation.

La marge de manœuvre israélienne en matière de rétorsion, - au-delà des rodomontades - est faible : les sanctions économiques asphyxieront encore plus une économie moribonde et pourraient générer des troubles à l'image de ceux qui éclatent dans les pays arabes.

Et Jérusalem tient au calme dans les territoires palestiniens.

Il n'est pas non plus pensable de songer à déstabiliser Abbas, avec un Hamas qui se fixe comme prochaine étape la prise du pouvoir en Cisjordanie.

Inopérant, le texte lui-même n'a aucune conséquence pour Israël, si ce n'est que les palestiniens peuvent désormais se porter candidats à toutes les agences onusiennes (Organisation mondiale de la santé, Bureau International du travail, ..) et également, de poursuivre Israël devant la Cour pénale Internationale.

Mais, outre le fait qu'il faille matière à poursuites, il faudra aussi qu'ils évitent d'être à leur tour poursuivis pour des centaines d'attentats contre des civils, ou de devoir extrader les dirigeants du Hamas pour faire juger les bombardements contre les populations civiles d’Israël¨zl – un cas typique de crime de guerre.

Et… faire face à des pressions internationales qui s'exerceraient de toutes parts.

Déjà, aux Etats-Unis, des sénateurs font campagnes pour la suspension de l'aide américaine aux palestiniens, soit 200 millions de dollars.

Aujourd'hui, Israël se retrouve diplomatiquement isolé, peut être provisoirement, peut être plus durablement.

La situation accroît sa dépendance aux USA, notamment sa dépendance politique, ce qui rendra d'autant plus efficaces les pressions que l'administration américaine voudrait exercer sur l'état hébreu pour obtenir un compromis.

Depuis sa réélection, Barack Obama qui n'est pourtant plus tenu par des échéances électorales, a montré un soutien sans faille à l'état hébreu, notamment dans l'opération Pilier de Défense, justifiant même une éventuelle opération militaire terrestre.

Il n'en sera que plus fondé à exiger éventuellement des concessions douloureuses de la part d'Israël.

Hillary Clinton quittera prochainement ses fonctions : les israéliens pourraient avoir en face d'eux un nouveau Secrétaire d'Etat qui recherchera davantage le consensus avec les européens que ne l'a recherché l'actuelle occupante du poste.

Mahmoud Abbas a deux voies qui s'ouvrent devant lui : l'une consister à continuer à heurter frontalement les américains, au risque de perdre leur précieuse manne financière – mais également leur soutien politique.

Ils sont les seuls a pouvoir le remettre en selle dans le monde arabe, en exerçant des pressions "amicales " sur ses alliés de la région (émirats, pays du Golfe, Arabie saoudite, etc.).
Il peut, au contraire, retourner raisonnablement à la table des négociations, et discuter.
L'ONU reste un machin inutile mais de plus en plus incontournable ; avant de déclencher l'opération militaire Pilier de Défense contre le Hamas, Israël a déposé plusieurs plaintes sur le bureau de l'Organisation internationale, en raison des tirs de roquettes en provenance de Gaza sur les habitants du sud du pays, en pure perte.

En tout état de cause, et pour éviter de devoir se retrouver face à une solution imposée de l'extérieur, Israël ne peut faire le choix ni de l'immobilisme, ni du statu quo.

Source : http://www.israel-infos.net/ONU--Pourquoi-la-diplomatie-israelienne-a-perdu-l-Europe-9482.html

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